lundi 19 septembre 2011

Donnerstag 8 September 2011- Maison de la Gestapo

Bon à partir de maintenant j'écris les dates en allemand (ça me fait réviser comme ça :p)

Le 18 septembre j'avais décidé de me rendre à la EL-DE Haus, la maison de la Gestapo de Köln... Mais vraiment ça me déprimait tellement que j'ai proposé aux gens du cours de langue de venir avec moi. On s'est retrouvé une quinzaine là-bas.

La maison de la Gestapo se trouve à Appelhofplatz, non loin de la Dom.

Déjà de l'extérieur on se doute que le bâtiment date des années nazies...




Au sous sol il y avait les anciennes cellules des prisonniers qui avaient été conservées telles quelles, il y a même eu quelques rénovations parce que les nazis ont tenté de dissimuler les écritures sur les murs que les prisonniers avaient laissé... Heureusement des centaines ont été préservées, vivants témoignages de l'espoir et de la liberté d'esprit même quand l'humanité est ignoble et barbare.
On ne pouvait pas rentrer dans toutes les cellules, mais des photos avaient été prises et traduites en allemand et en anglais. Les inscriptions étaient principalement en allemand, en français et en russe.

Le plan du sous-sol





Les cellules n'étaient sensées abriter que 3 à 8 personnes pour les plus grandes, mais vers 1942 les arrestations étaient si fréquentes que les cellules voyaient leur population tripler. Dans une cellule 20 à 40 personnes pouvaient être placées.



Bon ça, c'est encore la partie "plaisante". Parce que quand on descendait encore plus bas, on arrivait dans les salles de torture. On ne peut pas rentrer dans les cellules de torture, et d'ailleurs c'est très bien comme ça. En plus les Allemands ont eu l'intelligence de rester très sobres sur cette partie de la maison, puisqu'il n'y a qu'un panneau sur la vie d'un jeune homme qui a réussi à survivre grâce à sa mère qui lui rendait très souvent visite. J'ai trouvé cela d'une très grande dignité et une marque de respect pour ceux qui ont souffert là-bas.
La Gestapo de Cologne torturait tellement ses prisonniers qu'on pouvait entendre leurs hurlements depuis la rue, en dépit des portes blindées. Puis après elle a eu la folie des exécutions massives et pendait chaque jour jusqu'à 45 personnes (7 à chaque fois). Les prisonniers vivaient dans une terreur constante. C'était vraiment horrible. Quand j'ai marché dans ces cellules, dans ces salles sinistres, j'ai vraiment eu un frisson. Comment l'homme a-t-il pu faire cela ? Comment vouloir tuer un autre homme qu'on ne connait pas, qui ne nous a rien fait, qui est innocent, une femme enceinte, une jeune fille, un homme ? Je ne comprends pas. J'ai vraiment été prise du désespoir de l'incompréhension totale. Ce n'est pas que j'ignore comment on peut faire ça, c'est que je ne peux même pas envisager pourquoi on fait ça. C'est pour moi quelque chose qui dépasse ma compréhension des choses. Et j'ai été saisie brusquement de peur, de terreur, d'effroi, et ça m'a saisie toute entière. Je sentais toutes ces vies qui avaient été prises sans savoir pourquoi, toute la haine et la peur qui avaient coulées dans ces lieux. Mais en lisant des témoignages, ce qui m'a vraiment marqué, c'est le message d'espoir que TOUS les prisonniers, sans exception, faisaient passer par leurs inscriptions. Les centaines de messages se ramassaient en un seul corps, celui de la vie. Dans ce lieu de mort la vie surgissait. La vie se manifestait par l'espoir, et pas l'espoir "égoïste" de survivre, car même ceux qui montaient à l'échafaud écrivait "il faut toujours espérer". Espérer que l'humanité deviendra humaine, que la guerre cessera. La vie, c'est toujours croire en elle, et quand on croit qu'elle disparaît, il faut l'espérer pour la ranimer. Au milieu de tous ces témoignages, après le désespoir, un grand sentiment de vie m'a saisie à la gorge. Je me suis sentie vivante, pleine d'espoir, de courage. C'était vraiment intense. Et en réfléchissant à l'actualité, je me suis dit qu'il fallait se battre au nom de l'espoir et de l'humanité, au nom de tous ces gens qui ont souffert. C'est peut être un peu lyrique et naïf ce que j'écris, mais j'ai ressenti cela comme jamais. Ce n'était plus des phrases ou des dogmes qu'il fallait faire semblant de soutenir parce que c'est ce que font les gens "biens", c'était quelque chose qui se comprenait par ma chair.
Bon je suis partie dans mes divagations philosophiques, veuillez bien m'en excuser. En tout cas, si vous passez à Cologne, venez dans cette maison. C'est tellement important de ne pas oublier. Ce qu'il s'est passé ici, ça peut encore arriver (et ça arrive en ce moment à des milliers de personnes).
Voici l'entrée de l'endroit le plus sinistre:


Les drapeaux commémoratifs des associations qui avaient osé se dresser contre Hitler


Voilà pour le sous-sol.

Au premier étage il y avait des documents d'époque sur la Gestapo à Cologne, des photos de SS, des affiches, etc. Malheureusement tout était en allemand donc je n'ai pas tout compris...





Pour finir cet article, il y avait une salle au sous-sol dans laquelle étaient projetés sur un écran les noms de tous ceux qui sont morts dans cette maison, un par un leur vie est racontée, avec la date de leur mort. Et pour leur mémoire des roses y sont déposées:

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